Architecte de métier, Jacques Poncet a dédié sa vie à la peinture.
Souvent rangé dans la catégorie des peintres lyonnais , il s’en rattache à travers le thème des vues de Lyon. Mais son style lui est propre, il affectionne d’autres sujets universels et est il reconnu par de grands galeristes parisiens à la fin des années 1950.
Jacques Poncet est un peintre figuratif de la beauté lumineuse et luxuriante.
Un artiste reconnu
Les dons de Jacques Poncet sont remarqués par le marché de l’art dès ses débuts, dans les années 1950.
Il est exposé dans les galeries les plus influentes de Lyon, comme celles de Janine Bressy, « L’œil Écoute » ou d’Henri Chartier. Il participe à des expositions collectives avec les artistes avant-gardistes de Lyon, notamment au Palais des Beaux-arts de Charleroi, en Belgique, en 1963. Il est également repéré dès la fin des années cinquante par le grand galeriste parisien Pierre Loeb qui expose alors Picasso, Miro, Kandinsky et Chagall (…), mais aussi par la Galerie des Arts dans les années 60, auprès de Léger, Manessier, Tal Coat, Da Silva, Zao Wou Ki (...)
La reconnaissance du marché se poursuit aussi dans les salles des ventes, où l’artiste enregistre des adjudications à plusieurs milliers d’euros.
En 2000, Paul Dini choisissait pour son musée 4 grandes toiles de l’artiste, pour rejoindre la collection d’art moderne et contemporain du Musée de Villefranche-sur-Saône
Le grand critique d’art René Deroudille soulignait chez lui « la fureur dionysiaque et le talent sans réserve ».
En 2021, la maison de ventes Artencheres rend hommage à Jacques Poncet à travers la vente de 150 tableaux et dessins retraçant son parcours artistique.
Le style Jacques Poncet
Dans les années 1950, la peinture de Jacques Poncet est encore abstraite, en résonnance avec son temps. Mais très rapidement son art devient figuratif.
A travers ses 5 grands thèmes de prédilection, il creuse ses sujets sur 50 ans de peinture puissante et colorée : le nu féminin, les paysages urbains, les arbres, la mer et l’autoportrait.
Déclinant à chaque fois de nouveaux cadrages et différentes variations de couleurs et nuances de tons, dans une démarche créatrice toujours renouvelée, il procède à des modifications et des ajustements permettant de capter l’essence de sa créativité. Il progresse sans rupture dans l’affirmation de son style: ample, une touche rapide, des couleurs vives.
Les vues de Lyon : poésie de l’univers urbain
Jacques Poncet est né à Lyon, il vit à Lyon, il peint Lyon, il aime Lyon. Peintre lyonnais ? Assurément. Mais il s’adresse à tous les citadins à travers une représentation universelle de sa ville.
Dans le corpus important de ces vues, on distingue deux points de vue :
- Les vues depuis son appartement : situé au dixième étage, l’artiste a une vue imprenable sur les berges de Rhône et au-delà la crête des Alpes, par beau temps.
- Les vues depuis son atelier de la Croix-Rousse: effets de toits.
Ces vues dépassent la seule représentation de la capitale des Gaules. Ce sont des représentations urbaines, sans particularisme local. Le ciel est omniprésent et colore la toile de sa lumière incandescente. La silhouette de la skyline de Lyon est brossée à grands traits, plus évoquée que détaillée. Rien ne la différencie de Paris ou Bordeaux : des toits, un fleuve, le ciel. L’essentiel.
La vitalité des éléments : les jardins, la mer, le ciel
Autre sujet de prédilection, les grands arbres, qu’il regroupait sous le thème du « jardin », dont les feuillages tutoient le ciel et parfois - s'agissant de grands saules pleureurs, s'évertuent à caresser le sol » (Bernard Gouttenoire, expert en peinture lyonnaise). La nature, la mer, le ciel, les éléments sont une constante source d’inspiration pour l’artiste.
Jacques Poncet écrivait lui-même à ce sujet : « Tout d’abord je suis attiré par le paysage, mais très rapidement l’eau, le feu (je fais de nombreux dessins d’après les flammes), puis les arbres, les nuages m’intéressent en eux-mêmes pour leur cadence intime. Je découvre lentement l’identité rythmique des choses. »
Les critiques de l’époque saluent tous « la puissance » et « le mouvement » de ces séries éclatantes, lumineuses et abouties, dont « les masses colorées » rappellent la façon cézanienne. « Les paysages (…) abandonnent leur vérité pratique pour faire place à un torrent de force et de couleurs où s’extériorisent, sans outrance (nuance très lyonnaise) les sensations du peintre », commentait le critique René Déroudille au début des années 1960.
La sensualité du corps de la femme
Sur le sable, enveloppé d’écume, le corps nu de la femme offre toute sa sensualité. Par un subtil jeu de matières, Jacques Poncet donne vie à ses modèles.
Jean-Jacques Lerrant, journaliste longtemps responsable des pages culture du Progrès de Lyon qualifiait ainsi cette série éminemment charnelle : « contemplons le corps féminin, thème capital et capiteux et, par là même, emblématique de son art. La femme nue, regardée à travers la tradition muséographique et dans l’évidence du plaisir charnel, s’ébattant sur le sable, plongeant dans la mer violette, vaguement picassienne, ou allongée sur le lit dans une posture goyesque, soit fauve d’apparence, soit vouée aux grisailles, participe à la fois des souvenirs culturels et d’une dynamique originale. Une dominante colorée, des cernes à vif sur la forme, des parties hachurées rapidement, et la voilà, l’éternelle amante, emportée dans un mouvement chorégraphique qui tient du jaillissement et d’un certain ordre imposé. L’observation réaliste dont témoignent études et croquis, aboutit à une composition allégorique sur la joie d’être au monde.»
En miroir de son art : l’autoportrait déguisé
La représentation de l’artiste dans son atelier est une des thématiques importantes du corpus de Jacques Poncet. Ces « autoportraits, incontournables (sont) quasiment sans visages, seulement signifiés par la main et le pinceau qui s'affairent au bord d'un miroir, dans la plus simple expression du geste créateur, essentiel » (Bernard Gouttenoire). « Par ce jeu de miroir, cette représentation partielle de son activité, le peintre livre son interprétation de la création en présentant son art sous forme de métonymie », ajoute Agnès Savart, commissaire-priseur à Lyon, à l’occasion d’une vente d’atelier.
Bibl: dictionnaire des peintres et sculpteurs à Lyon aux XIXe et XXe siècles Bernard Gouttenoire – Ed La Taillanderie.
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